Loulou, tu vas où ?

Le 28 mai 2002

e vendredi 24 mai je vais à la réunion publique de Louis Labadot qui se présente, pour le PCF, aux élections législatives dans la quatrième circonscription. Cette réunion m'a fichu un blues terrible.

En arrivant je m'assois au fond à gauche, car je dois partir à 19h30 pour une autre réunion. A 18h30, la salle commence à se remplir et je discute avec une connaissance assise à ma droite. En regardant les gens qui commencent à occuper les chaises vides je confie à mon voisin mon regret de ne pas avoir apporté quelques tracts pour la réunion débat au sujet du tri-sélectif que les Verts de Soule organisent le jeudi suivant. Il me répond quelque chose comme "tu veux te faire gercler ou quoi ? " Humour ou pas, en tous les cas me voilà mal à l'aise. La réunion publique démarre, je suis mal assis sur ma chaise.

Loulou commence un long monologue sur la situation du PCF et sur les dernières élections présidentielles. Au fur et à mesure, je sens une crispation dans le discours. Loulou est amer. Loulou cherche ses marques. Il regrette que le parti se soit éloigné des couches populaires pour affirmer la cohésion gouvernementale ; en même temps, pour répondre à une question du public, il refuse un quelconque rapprochement avec la LCR ou LO, qui selon lui, contribueront à faire gagner la droite. Crise d'identité, plus que jamais et quelles orientations pour le parti de Robert Hue ? Au fur et à mesure, je crains dans les paroles que j'entends, un repli sur des idées anciennes, plus que vers un vrai changement qui serait tourné vers l' avenir. Il y a bien, à plusieurs reprises, quelques allusions à la démocratie participative. Mais sans jamais aller plus loin dans l'analyse. Ne faudrait -il pas commencer par développer ce concept de manière à ce qu'il ne soit pas qu'un effet d'annonce, une coquille vide, une formule toute faite pour marquer les esprits au moment des élections et qu'on abandonne ensuite? La démocratie participative ne pourrait-elle pas être un point de convergence pour l'ensemble de la gauche ?

Dans le public une question est posée au sujet de la chasse. En bref, ne faudrait-il pas récupérer les chasseurs électeurs qui sont partis au CPNT ? "Loulou, on sait que tu es chasseur de palombes, mais tu ne leur fais pas beaucoup de mal", entend-on dans l'assistance. Loulou rigole mais les commentaires s'enfoncent peu à peu et la chasse devient le seul vrai enjeu électoral, à ce stade du débat. Il n'est plus question de modifier la politique, mais de retrouver l'ancienne formule et les électeurs d'avant. Il faut reprendre le bon vieux discours sur la ruralité, et cela à tout prix. En ce qui me concerne je me dis que ces chasseurs électeurs du PCF qui sont partis sur les terres du CPNT ne devaient pas être très convaincus du fond idéologique du PCF mais plutôt attachés à sa branche populiste et conservatrice, c'est à dire la plus superficielle et versatile. Pourquoi chercher à reconstruire cet édifice en papier mâché ?

Voilà une heure que la reunion a commençé et je m'aperçois que Mme Romeo, la suppléante de Louis Labadot n'a pas encore ouvert la bouche. Pourquoi est-elle là ?

Alors que le discours continue sur le thème de la chasse, il est temps pour moi de quitter l'assistance... Avec soulagement.

En sortant, je prends pleinement conscience de mon altérité, de mon identité écologiste mais aussi de ma solitude.

Louis Labadot a été un vrai partenaire durant les élections municipales au sein de la liste plurielle de gauche, que nous avions construite sur Mauléon. Ses qualités d'homme politique, de démocrate m'ont séduites. Je le connaissais peu, il s'est révélé être un homme intègre et sur ce point il ne m'a pas déçu. Mais, si certaines différences politiques ont été gommées à ce moment là, au profit des convergences, il faut bien reconnaître que les différences sont beaucoup plus prégnantes aujourd'hui.

Après ces élections, je souhaiterais que nous nous retrouvions, dans le même esprit que lors des élections municipales et que nous reflechissions à nouveau, ensemble, au travail que nous souhaitons développer, aux idées que nous voulons mettre en avant.

En attendant, au premier tour, je voterai et j'appelle les électeurs et les électrices de la 4 circonscription à voter pour la candidate Verte, Jenofa Cuisset et son suppléant, Beñat Moureu.